jeudi 30 septembre 2010

Colloque sentimental














Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l'heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

-Te souvient-il de notre extase ancienne?
-Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?

-Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois tu mon âme en rêve? -Non.

-Ah! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches! -C'est possible.

Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir!
-L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.



Paul Verlaine



Le poison

















mardi 28 septembre 2010

27.06.10

"Que se passe-t-il ? Raz de marée sur Paris ? (...) Je suis allé voir. Est-il vrai que "l'éternelle quête de la perfection" soit à jamais vaine ? Quand un seuil est franchi, nous débouchons dans l'imprévu. Qui pourra dire dans quelle case doit être rangé l'imprévu ? Les cases ne sont pas faites pour l'imprévu. La fille tombée dans l'escalier, que nous dit-elle ? Où se situe l'être humain devenu zèbre ? Quel feu pathétique le briquet peut-il allumer ? Laissez-nous regarder, plutôt que de nous dire que la perfection n'existe pas. C'est une voix venue de l'au-delà qui vous le dit."

lundi 27 septembre 2010

dimanche 26 septembre 2010




Aujourd’hui, je ne porte plus la robe noire
signe extérieur de mon deuil
cette robe qui te disait : « Je vis un temps bien difficile, je suis davantage fragile, s’il te plaît, veille un peu sur moi. »

J’enterre parfois mes morts si hâtivement
que je me prive, en ma profonde tristesse,
de la présence d’amis, de frères, de sœurs, de chers parents.

Grande calamité, temps de déchirement
et pourtant…
Je m’arrache des bras qu’on m’ouvre
pour reprendre vitement mon boulot, fuir ma douleur,
cacher ce grand trou dans ma poitrine,
ce vide qui me gêne
qui me fait peur.

Je ne prends pas le temps de me donner du temps.

Mon cri funèbre est retenu, mon angoisse étouffée.
Je refuse l’occasion d’un silence, la durée d’un « Adieu ».

Pourtant vulnérable en cette secousse pénible,
je me bouscule !

Pourquoi ?

Je me réclame de ma peine de façon individuelle
je ne sais plus invoquer Dieu ?
Le rite est devenue langue morte,
le silence me fait peur
mes relations sont superficielles ?
Ma course quotidienne trop accélérée
je ne peux plus m’arrêter ?

Je ne sais pas…

Mais je sais que la peine chassée
revient en sourdine, exige d’être mienne,
persiste à cogner, cherche l’accueil,
s’installe au seuil de mon être
et menace mon cœur fermé.

Je peux bien me doser de médicaments, ravaler…
ignorer cette visiteuse, la nier…
elle restera là et j’aurai un jour à l’apprivoiser,
je devrai apprendre à la connaître…
elle fait partie de moi, ma peine
elle a besoin de moi.


L. Brochu

mercredi 22 septembre 2010