dimanche 26 septembre 2010




Aujourd’hui, je ne porte plus la robe noire
signe extérieur de mon deuil
cette robe qui te disait : « Je vis un temps bien difficile, je suis davantage fragile, s’il te plaît, veille un peu sur moi. »

J’enterre parfois mes morts si hâtivement
que je me prive, en ma profonde tristesse,
de la présence d’amis, de frères, de sœurs, de chers parents.

Grande calamité, temps de déchirement
et pourtant…
Je m’arrache des bras qu’on m’ouvre
pour reprendre vitement mon boulot, fuir ma douleur,
cacher ce grand trou dans ma poitrine,
ce vide qui me gêne
qui me fait peur.

Je ne prends pas le temps de me donner du temps.

Mon cri funèbre est retenu, mon angoisse étouffée.
Je refuse l’occasion d’un silence, la durée d’un « Adieu ».

Pourtant vulnérable en cette secousse pénible,
je me bouscule !

Pourquoi ?

Je me réclame de ma peine de façon individuelle
je ne sais plus invoquer Dieu ?
Le rite est devenue langue morte,
le silence me fait peur
mes relations sont superficielles ?
Ma course quotidienne trop accélérée
je ne peux plus m’arrêter ?

Je ne sais pas…

Mais je sais que la peine chassée
revient en sourdine, exige d’être mienne,
persiste à cogner, cherche l’accueil,
s’installe au seuil de mon être
et menace mon cœur fermé.

Je peux bien me doser de médicaments, ravaler…
ignorer cette visiteuse, la nier…
elle restera là et j’aurai un jour à l’apprivoiser,
je devrai apprendre à la connaître…
elle fait partie de moi, ma peine
elle a besoin de moi.


L. Brochu